29

 

Six heures plus tard, à 12 milles en aval, la cible n° 17 s’inscrivait sur l’écran du sonar. Elle reposait par 33 mètres de fond à 2 milles en amont du pont du Potomac.

« Dimensions ? demanda Pitt à l’opérateur sonar.

— Approximativement 36 mètres de long sur 7 mètres de large.

— Ça colle, constata Giordino.

— Je crois que nous le tenons, affirma Pitt en examinant la forme relevée par le sonar. On fait un deuxième passage à environ 20 mètres par tribord et on lance une bouée. »

Sandecker qui surveillait les opérations sur le pont arrière passa la tête dans la timonerie.

« Vous avez trouvé quelque chose ? demanda-t-il.

— Un premier contact, répondit Pitt.

— Vous comptez vérifier ?

— On met une bouée puis Al et moi on va aller jeter un coup d’œil. »

L’amiral baissa les yeux sans rien dire puis il retourna vers l’arrière où Giordino soulevait un poids de 25 kilos attaché à une bouée orange vif.

Pitt prit la barre. Lorsque l’objectif apparut sur le sonar, il cria :

« Maintenant ! »

La bouée passa par-dessus bord tandis que le bateau ralentissait. Un technicien se dirigea vers l’avant pour mouiller l’ancre. L’Hoki Jamoki s’immobilisa, la poupe pointée vers l’aval.

« Dommage que vous n’ayez pas emporté une caméra pour prises de vues sous-marines, fit Sandecker en aidant Pitt à enfiler sa combinaison. Vous auriez pu vous économiser le voyage.

— Non. C’aurait été inutile. La visibilité est presque nulle là-dessous.

— Le courant est d’environ 2 nœuds, estima l’amiral.

— Quand on va remonter, il va nous entraîner vers l’arrière. El vaudrait mieux prendre une corde de sécurité avec une bouée flottante pour nous hisser à bord. »

Giordino ajusta sa ceinture de plomb.

« On démarre quand tu es prêt », fit-il avec un sourire désinvolte.

Sandecker agrippa Pitt par l’épaule.

« N’oubliez pas que vous ne devez pas pénétrer dans l’épave.

— J’essaierai de ne pas trop regarder ! »

Sans laisser à l’amiral le temps de répondre, il ajusta son masque et plongea.

L’eau se referma autour de lui. Le soleil, sous la surface, diffusait une étrange lueur orange-vert. Le courant l’entraînait et il dut nager en diagonale pour atteindre la bouée. Il saisit la corde de nylon et commença à descendre.

Il s’enfonçait dans les profondeurs du Potomac. La visibilité diminuait. Il alluma sa lampe de plongée et s’arrêta un instant pour permettre à ses tympans de s’habituer à la pression grandissante.

La densité ne cessait d’augmenter et, brusquement comme s’il venait de franchir un sas, la température de l’eau chuta d’une dizaine de degrés. La couche froide agissait comme une espèce de coussin sur le courant chaud. Le fond apparut enfin et Pitt discerna les contours flous d’un bateau sur sa droite. Il se tourna vers Giordino, l’invitant d’un geste à le suivre.

La superstructure de l’Eagle prit forme comme si elle émergeait du brouillard. Le yacht reposait, tel un monstre marin, dans le silence des eaux glauques.

Pitt longea la coque d’un côté tandis que Giordino partait de l’autre. L’Eagle était comme planté sur le fond. Il ne donnait pas de la bande et, excepté une mince couche d’algues qui maculait la peinture blanche, il paraissait aussi rutilant que lorsqu’il naviguait en surface. Les deux hommes se retrouvèrent à l’arrière et Pitt inscrivit sur son ardoise : Pas de dégâts ?

Giordino répondit par le même moyen : Non.

Ils se dirigèrent lentement vers le pont, passant devant les hublots opaques des cabines. Rien ne suggérait qu’une tragédie avait pu avoir lieu. Ils examinèrent l’intérieur de la passerelle à l’aide de leurs lampes. C’était désert, sinistre et inquiétant. Pitt hésita un instant puis il écrivit : Je vais voir.

Les yeux de son adjoint brillèrent sous son masque et il griffonna : Je t’accompagne.

Par habitude, ils vérifièrent le niveau d’air des bouteilles. Il leur restait encore de quoi tenir douze minutes. Pitt commença par le poste de pilotage. Il avait le cœur battant et une sourde appréhension le gagnait. Il poussa la porte et, après avoir hésité une fraction de seconde, se propulsa à l’intérieur. Les cuivres luisaient faiblement dans le faisceau des torches. L’aspect de la timonerie le frappa aussitôt. Tout était à sa place et aucun débris ne jonchait le sol. Ce spectacle lui rappelait celui du Pilottown.

N’ayant rien trouvé d’intéressant, ils descendirent l’escalier menant au salon du rouf. C’était partout aussi propre et net. Giordino braqua sa lampe vers le haut. Les poutres et les lambris d’acajou étaient nus. Pitt comprit alors ce qui n’allait pas. Le plafond aurait dû être couvert d’objets flottants. Tout ce qui aurait pu remonter à la surface et s’échouer sur les berges avait été soigneusement enlevé.

Accompagnés du seul bruit des bulles s’échappant des respirateurs, ils nagèrent lentement dans le couloir séparant les cabines. C’était pareil : même les lits et les matelas avaient disparu. Il ne restait que les meubles soigneusement vissés au plancher. Pitt explora les salles de bain tandis que son ami se chargeait des placards. Lorsqu’ils arrivèrent aux quartiers de l’équipage, ils n’avaient plus que sept minutes d’air. Communiquant par gestes, ils se partagèrent le travail. Giordino prit la cuisine et les magasins, Pitt la salle des machines.

Le panneau d’accès à la salle des machines était fermé, boulonné. Sans perdre un instant, Pitt tira son couteau de plongée et fit sauter les gonds. Le panneau aussitôt se souleva et dériva vers le haut… suivi par un cadavre gonflé qui jaillit de l’écoutille tel un diable de sa boîte.

 

Panique à la Maison-Blanche
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